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GIORGIONE.

Qu’est-ce donc, ô mon Dieu ! que de la gloire humaine,
S’il faut payer si cher ce fol enivrement,
Et s’il faut expier les douceurs d’un moment
Par des peines sans fin et des siècles de haine ?

Oh ! n’est-ce point assez de la poussière vaine
Que l’envie au-dehors élève incessamment ?
Faut-il se faire au cœur un autre rongement,
Un tourment qui vous use, et vous mette à la chaîne !

Faut-il, lorsque l’on veut goûter la vérité,
Perdre de sa candeur et de sa pureté,
Puiser de l’amertume au fond de l’ambroisie ;

Et poète divin, armé d’un beau pinceau,
Ne peut-on mettre un pied sur la terre du beau,
Sans traîner avec soi l’affreuse jalousie !