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libertinage, complètent merveilleusement le dévouement de cette belle âme.

Quand l’adultère se consomme, il est devenu nécessaire. La résistance est épuisée. Valentine est seule et sans défense. Tout lui manque à la fois : il faut qu’elle choisisse entre mourir ou se donner ; elle se livre à Bénédict. C’est un dénoûment bien amené, mais qui, à mon avis, contredit formellement l’épigraphe du livre. Tant que dure le combat, il y a, je l’avoue, du courage dans la défense de Valentine. Mais, quand elle capitule, sa défense est devenue impossible. Elle a résisté dans sa faiblesse ; mais il n’est pas juste de dire qu’elle succombe dans sa force, à moins qu’on appelle du nom de force la sécurité mensongère d’un cœur qui croit avoir tué la passion, parce qu’il a long-temps lutté corps à corps avec elle. C’est une erreur à mon avis ; car au commencement de la guerre les forces sont neuves, après plusieurs engagemens l’énergie s’émousse, et plus d’une femme s’est rendue d’épuisement et de fatigue.

Ceci, du reste, n’est qu’une chicane mesquine et ne trouble en rien la beauté générale du livre.

Je n’attache pas grande importance à la mort de Bénédict. C’est une mort vulgaire. Mais comme elle vient vite, bien qu’elle soit quelque peu mélodramatique, cela ne vaut pas la peine de blâmer. L’aveu de Louise à Valentine est terrible et d’un bel effet.

À tout prendre, Valentine mérite plus de réprimandes et plus d’éloges qu’Indiana. Il y a dans le dernier venu plus d’habileté dans les belles parties, mais aussi il y a plus d’accessoires inutiles. Il y a plus de ressorts superflus et défectueux. Mais les parties irréprochables dominent de bien haut les beautés d’Indiana.

Qui a fait ces deux livres ? que signifie la signature de G. Sand ? Il faudrait une grande inexpérience pour ne pas reconnaître, à de nombreux indices, la touche d’une main de femme. Un homme n’aurait jamais consenti à peindre impitoyablement l’égoïsme de Raymon, ni à dire cet aphorisme brutal : La femme est imbécile par nature. Un homme n’aurait pas trouvé la sublime pro-