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fois ces trois noms trouvés, le baptême des autres acteurs s’est fait de lui-même : M. de Cossé, M. de Vermandois, M. de Pardaillan, M. de Brion, M. de Pienne ; peu importe, vraiment, le catalogue de tout ce troupeau de courtisans ; qu’il nous suffise de savoir que ceux-là servent de meubles aux antichambres du Louvre. Le brave, s’appelle Saltabadil, et la fille de joie, Magdelonne. Le lieu de la scène, vous le connaissez. Pour le premier acte, c’est le Louvre ; pour le second, le carrefour Bussy, où loge Triboulet ; pour le troisième, encore le Louvre ; pour le quatrième, le cabaret à double fin, demeure habituelle de Saltabadil et Magdelonne ; pour le cinquième, le quai de Notre-Dame.

Avant d’entamer la discussion individuelle des caractères, je veux poursuivre l’énumération des épisodes qui ont successivement compliqué la fable primitive. Ces épisodes sont la malédiction de Saint-Vallier contre François Ier et Triboulet, l’enlèvement de Blanche par les seigneurs de la cour, qui bandent les yeux de son père, et lui font tenir l’échelle en lui persuadant qu’il s’agit de madame de Cossé, les aveux de Blanche à Triboulet, et enfin le déguisement de Blanche, qui s’explique par le voyage qu’elle doit faire à Évreux, selon l’ordre de son père.

J’aborde maintenant les caractères pris en eux-mêmes ; car, en conscience, je ne vois pas quel profit la critique peut retirer de l’analyse d’un poème dramatique, scène par scène. C’est une banalité vulgaire et très-inutile.

Pour le roi, je l’accepterai volontiers, surtout au début de la pièce. Il est frivole, insolent, luxurieux, bavard, épris de lui-même, effronté, vantard. C’est bien ; mais avec l’impatience qu’on ne peut manquer de lui supposer, il a tort d’écouter sans l’interrompre, et jusqu’au bout, l’admirable harangue de Saint-Vallier. Ce morceau d’éloquence, vrai chef-d’œuvre de poésie, a d’ailleurs l’inconvénient très-grave d’être placé dans la bouche d’un acteur qui ne reparaît plus. Et puis, est-il probable que Saint-Vallier, conspirateur vulgaire, engagé à l’étourdie dans la trahison du connétable, ait eu cette hauteur de sentimens ? Est-il croyable, avec le caractère que lui attribue l’histoire, qu’il ait regretté l’honneur de sa fille, et qu’il eût donné sa tête pour sau-