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l’ombre qui le suivait en fit autant ; ils étaient à l’embranchement de deux routes, l’une d’elles conduisait à travers plaines jusqu’à Pontoise, l’autre s’enfonçait dans l’épaisse et sombre forêt de Beaumont. De Gyac ferma quelques instans les yeux, croyant être en proie à un vertige ; lorsqu’il les rouvrit, il vit à la même place le même cavalier noir : la patience lui échappa.

— Messire, lui dit-il, en lui indiquant du bras l’endroit où les deux routes se séparaient devant eux, nous n’avons probablement pas mêmes affaires, et n’allons certes pas au même but ; prenez celui de ces deux chemins qui est le vôtre, celui que vous ne prendrez pas sera le mien.

— Tu te trompes, Gyac, répondit l’inconnu, d’une voix douce, nous avons mêmes affaires et nous marchons au même but. Je ne te cherchais pas, tu m’as appelé, je suis venu.

De Gyac se rappela tout à coup l’exclamation de vengeance qui lui avait échappé, et la manière dont le cavalier s’était au même instant trouvé près de lui comme s’il fût sorti de terre. Il regarda de nouveau l’homme extraordinaire qui était devant lui. La lumière que l’opale jetait semblait une de ces flammes qui brûlent au front des esprits infernaux. De Gyac était crédule comme un chevalier du moyen âge, mais il était aussi intrépide que crédule. Il ne recula point d’un pas, seulement il sentit ses cheveux se dresser sur son front ; Ralff de son côté se cabrait, piétinait sous lui, mordait son frein.

— Si tu es celui que tu dis être, reprit alors Gyac d’une voix ferme, si tu es venu parce que je t’appelais, tu sais pourquoi je t’ai appelé.

— Tu veux te venger de ta femme, tu veux te venger du duc ; mais tu veux leur survivre, et retrouver joie et bonheur entre leurs deux tombes.

— Cela se peut-il ?

— Cela se peut.

De Gyac sourit convulsivement.

— Et que te faut-il pour cela ?, dit-il.

— Ce que tu m’as offert, répondit l’inconnu.

De Gyac sentit les nerfs de sa main droite se crisper ; il hésita.