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sion de son sentiment personnel sur les événemens qu’il raconte.

Simon de Montfort fut tué, en 1218, au siége de Toulouse, qui s’était héroïquement et à de grands risques, révoltée contre lui. Ses restes furent portés et ensevelis à Carcassone, ce que notre historien raconte lui-même en ces termes :

Droit à Carcassone, on le porte ensevelir
Au monastère Saint-Nizaire où l’office est célébré pour lui.
Son épitaphe dit, à qui la sait lire,
Qu’il est saint et martyr, et qu’il doit ressusciter,
Pour vivre et fleurir dans la joie suprême,
Et porter couronne dans le royaume éternel.
Et moi j’ai entendu dire, et je dis,
Que si l’on conquiert en ce monde le royaume de J.-C.
Pour avoir tué des hommes, versé du sang,
Perdu des ames, autorisé des cruautés,
Pour avoir cru de mauvais conseils, allumé des bûchers,
Détruit des barons, honni noblesse et parage,
Volé des seigneuries, encouragé l’orgueil,
Éteint le bien et fait briller le mal,
Occis des femmes et massacré des enfans ;
Je dis qu’il doit vraiment resplendir et porter couronne dans le ciel.

Il me faut finir, et j’aurais encore bien des choses à ajouter sur ce curieux monument, même pour n’en donner qu’une idée imparfaite. Il y a toutefois une considération pour laquelle je puis me dispenser d’en parler plus amplement, c’est la résolution où je suis de publier prochainement le texte entier de ce monument, avec une version littérale et les éclaircissemens de tout genre qu’exige ou comporte cette publication.


Fauriel.