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REVUE DES DEUX MONDES.

L’Académie, sur la proposition de ses commissaires, décide que le mémoire de M. Breschet sera inséré dans le recueil des savans étrangers.

M. Flourens lit des recherches sur la symétrie des organes vitaux considérés dans la série animale.

Bichat, qui ne s’était guère occupé que de l’anatomie de l’homme et des animaux dont l’organisation se rapproche le plus de la nôtre, avait avancé qu’un des caractères distinctifs des appareils de la vie organique était le défaut de symétrie contrastant avec la parfaite régularité des appareils de la vie animale.

Cette proposition, énoncée d’une manière absolue, ne pouvait se soutenir sans quelques subterfuges, même quand on n’en faisait l’application qu’aux espèces que Bichat avait considérées ; ainsi, il était un peu étrange de prétendre que les poumons de l’homme n’étaient pas symétriques à cause d’une fissure qui se trouve de plus à un des côtés qu’à l’autre, tandis qu’on passait sous silence l’irrégularité si frappante des yeux chez les pléronectes, celle des organes de la voix chez plusieurs oiseaux, etc. On avait depuis long-temps remarqué combien Bichat s’était éloigné de la vérité, en donnant comme loi générale une remarque déduite d’un assez petit nombre de faits, mais on s’était contenté de signaler quelques-unes des exceptions les plus apparentes ; aussi M. Flourens ne s’est-il pas proposé seulement de mettre plus en évidence cette erreur d’un anatomiste d’ailleurs si justement estimé, mais de prouver qu’il faut croire en quelque sorte le contraire de ce qu’il a avancé, c’est-à-dire qu’en considérant l’ensemble des animaux, on trouverait plutôt comme condition générale des appareils de la vie de nutrition, la symétrie que l’irrégularité. Pour cela, il considère successivement les organes dans tous les degrés de l’échelle animale, et de cet examen, il déduit les propositions suivantes :

1o La symétrie se montre, comme tendance générale, dans les organes de la vie animale, aussi bien que dans ceux de la vie organique ; seulement, dans le premier cas, les exceptions sont plus nombreuses.

2o La symétrie dans ces deux cas emporte, pour les organes doubles, la nécessité de la position latérale, et pour les organes simples, celle de la situation sur la ligne médiane. ;

3o Ainsi, non-seulement la vie de l’animal se compose de deux vies (vie de nutrition et vie de relation), mais encore chacune agit au moyen d’appareils égaux et symétriques ; chacune a son côté droit et son côté gauche.

4o Cette dualité de la vie et cette dualité des appareils s’étendent jusqu’au système le plus important de l’économie, puisque, dans tous les