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CHRONIQUES DE FRANCE.[1]


LA TERRASSE DE LA BASTILLE.


IV.


Mon père, vous dormirez tranquille, je pense, quoique ce soit la première veille d’armes de votre fils !


Ainsi, Paris imprenable pour le puissant duc de Bourgogne, et sa nombreuse armée, avait, comme une courtisanne capricieuse, nuitamment ouvert ses portes à un simple capitaine commandant de sept cents lances. Les Bourguignons, la flamme d’une main, le fer de l’autre, s’étaient épandus dans les vieilles rues de la cité royale, éteignant le feu avec du sang, séchant le sang avec du feu. Perrinet Leclerc, cause obscure de ce grand événement, après y avoir pris ce qu’il en désirait avoir, la vie du connétable, était rentré dans les rangs du peuple, où l’histoire désormais le cherchera vainement, où il mourra obscur comme il y était né inconnu, et d’où il était sorti une heure pour attacher à l’une des plus grandes catastrophes de la monarchie son nom populaire, tout ébloui de l’immortalité d’une grande trahison.

Cependant par toutes ses portes fondaient sur Paris, comme des vautours sur un champ de bataille, les seigneurs et les hommes d’armes qui voulaient emporter leur part de cette grande

  1. Voyez la livraison du 15 janvier.