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Dans les cas où ces définitions diverses ne vous donneraient point une idée parfaitement claire du Salmigondis, l’éditeur vous dit plus nettement, dans la même préface, qu’il sera trop heureux si, par la littérature galvanique dont nous sommes obsédés, il trouve assez d’imaginations fraîches, de cœurs naïfs et de jeunes esprits, pour ne pas rire aux simples récits de chastes et modestes passions, d’histoires très-vraisemblables dont se compose son recueil.

Après cette formelle profession de foi, quelques lecteurs seront peut-être fort surpris de rencontrer dans le Salmigondis, la Danse des Morts, de M. Charles Rabou, et la Cheminée gothique, de M. Alphonse Brot.

— Qu’est-ce à dire, s’écrieront ces candides personnes, veut-on nous donner ces contes pour des contes couleur de rose ? Ne voilà-t-il pas bien du galvanisme littéraire s’il en fut, et du plus complet ?

— Oh ! répondra l’éditeur, faisant effort pour s’empêcher de rire, pourquoi, messieurs, prenez-vous les préfaces au mot, ou plutôt pourquoi les lisez-vous ? Je vous annonce au surplus des contes de toutes les couleurs. Or le fantastique est une couleur de contes fort à la mode, à moins de faire mentir mon titre, sinon ma préface, je ne puis donc en conscience vous dispenser du fantastique.

Soit. Il faut d’ailleurs en convenir, l’éditeur ne nous a administré qu’une dose très-raisonnable de fantastique ; le fantastique n’est point la couleur dominante de ce premier volume du Salmigondis.

Le Shelling, par madame de Bawr, et d’Heureux jours en 93, par M. X., sont de petites histoires pleines de délicatesse, et dont le naturel et la simplicité n’ont nullement exclu l’intérêt.

Antoine Pinchon est un conte américain écrit avec cette verve spirituelle qui caractérise surtout le style de M. Jules Janin.

Un des meilleurs morceaux du volume, c’est assurément l’Épisode de la vie d’un Pacha, par M. Édouard Disaut. Il y a là de la vraie couleur de l’Orient.

Dire que le Comte Chabert, de M. de Balzac, se distingue par les qualités et les défauts ordinaires de cet écrivain, ce n’est en vérité ni le louer ni le blâmer médiocrement.

Lorenzo Dempierra, de M. Buponi, n’est évidemment qu’un pastiche d’Hoffmann, mais c’est l’un des mieux faits que nous ayons lus.

Quant à l’Île des Fleurs, nous avouons humblement n’avoir rien compris à cette histoire, non plus qu’à son style. Son auteur, M. Sands, n’est pas, j’imagine, celui d’Indiana.