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exciter sa main à les soulever. Ildiz céda à la tentation ; elle enleva légèrement le voile de mousseline.

Horreur ! Une tête d’homme, toute noire de sang, était accrochée au clou. Les cheveux blancs de cette tête se hérissaient comme des flèches, ses yeux creux et sans éclat semblaient chercher leur regard, et sa bouche s’ouvrait comme pour crier : Vengeance !

Ildiz tomba pâmée sur le parquet. Elle venait de reconnaître, dans cet horrible tronçon, la tête de son père. Cette tête, embaumée selon l’ancienne coutume de l’Égypte, avait conservé sa couleur et la dernière expression de ses traits. Au cri que poussa Ildiz, Hamdoun se leva tout droit sur son lit, comme un fantôme. Son visage demeura quelques instans immobile et blême, pareil à une figure de marbre, en présence de cette effroyable dépouille, qu’il crut échappée au charnier de l’enfer. Au gémissement d’Ildiz répondit aussi une autre voix, une voix glapissante et ricaneuse comme la voix d’un démon. Un pan de la tapisserie se déchira tout à coup, et un Bédouin s’avança dans la chambre nuptiale, vêtu de son bournous, et tenant à la main son sabre courbe, dont la lame nue étincelait dans l’ombre.

— Zahed ! cria la voix effrayée de Hamdoun. Et au même instant il se précipita sur ses armes.

— Peine inutile, murmura l’Arabe, en le faisant retomber sur son lit, pâle, désarmé, et la terreur sur le front. Hamdoun, reconnais-tu maintenant, sous cet ancien vêtement, le Bédouin Zahed, qui t’aida, pendant une nuit splendide de la lune de Zilcade, à verser le sang du père de ton Ildiz.

— Oh ! les monstres, les monstres ! murmura la jeune femme en arrachant ses beaux cheveux noirs qui retombaient autour d’elle tremblante et nue, comme les plis d’un manteau de deuil.

— Oui, Zahed, je te reconnais ! murmura Hamdoun. Et sa main convulsive semblait chercher un poignard à sa ceinture.

— Ainsi, parce que tu m’as donné de l’or pour du sang, poursuivit Zahed, tu crois être quitte envers moi. Insensé ! ne porté-je pas un cœur aussi, moi, sous la mamelle gauche ? Ce cœur, il est immense, insatiable et vide comme le désert ! Tous les trésors de l’Inde, de la Perse et de l’Arabie ne rempliraient pas ce vide ! toi