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ROMANS PROVENÇAUX.

ques auxquelles on puisse la reconnaître pour le texte primitif du roman, pour le fond original exploité et varié par les six autres rédacteurs. Mais les dates relatives des sept rédactions citées, si on les savait, fourniraient implicitement le même résultat ; or, l’on peut essayer de coordonner ces dates, ou du moins la plupart.

Des sept rédactions désignées de l’histoire de Tristan, celle de Thomas d’Erceldoune, en écossais, est aujourd’hui celle sur laquelle on a le plus de lumières. C’est Walter Scott qui a publié cette rédaction, en l’accompagnant de diverses notices, tant sur l’auteur que sur l’ouvrage ; notices qui ne laissent rien à désirer au goût ni à la critique.

Il résulte de ses recherches sur Thomas d’Erceldoune, que ce poète naquit vers l’an 1220, et mourut dans l’intervalle de 1286 à 1289. Si l’on suppose, comme il est naturel, qu’il écrivit son poème dans la vigueur et la maturité de l’âge, de trente à quarante ans, par exemple, ce poème dut être composé de l’an 1250 à 1260. Mais on ne peut guère le faire plus ancien que le milieu du siècle, et je le supposerai de cette époque.

Ce point convenu, il faut savoir lesquelles des six autres rédactions sont antérieures, lesquelles postérieures à celle de Thomas. Or, il y en a deux sur lesquelles il ne peut y avoir doute à cet égard. En effet, les auteurs de l’une et de l’autre citent également un Thomas, qui, quand il s’agit d’un romancier, auteur d’une histoire de Tristan, ne peut guère être un autre que Thomas d’Erceldoune.

Les deux rédacteurs qui citent ce dernier comme leur devancier, sont Godefroy de Strasbourg, et l’auteur anonyme de la rédaction à laquelle appartient le premier fragment du manuscrit de M. Donce. — Ces deux rédactions, à quelque époque précise qu’elles appartiennent, sont donc certainement l’une et l’autre postérieures à l’an 1250.

Le second fragment de manuscrit de M. Donce ne présente aucune donnée d’après laquelle on puisse lui assigner une date ; mais on s’assure aisément, à son caractère et à son objet, que le Tristan dont il fit partie devait être postérieur, non-seulement