« Toutes les marchandises anglaises saisies sur les vaisseaux anglais et autres seront brûlées immédiatement.
— Vive l’empereur !
Et il prit, pour donner l’exemple de son obéissance aux lois une poignée de soie écrue, et la jeta dans le foyer.
Alors Scipion et ses corsaires défoncèrent à coups de hache des barriques de tabac ; et après en avoir respiré la saveur âcre et si douce aux organes du marin, les barriques roulèrent dans la flamme !
Une fumée noire et semée d’étincelles monta en longs ruisseaux vers le ciel.
Et le peuple :
— C’est du bon, celui-là : la cendre est blanche ; c’est du pur Virginie.
— Nous n’en aurons jamais de pareil. Raison de plus, au feu ! au feu !
— Au feu, ces pipes de rhum ! Gervais !
— Laisse m’en prendre un petit verre.
— Tu le boiras en punch.
— Va pour le punch ! Alors roule ces tonneaux de sucre, cette barrique de noix muscades et ces caisses de thé. Est-ce fait ?
— Allume !
Et le bon mot circulait ; la plaisanterie faisait la ronde. Allume le punch ! — Le bon Dieu va boire du punch ! — C’est juste, il a fumé.
Une nuée plus épaisse, massive, pourpre ; enfin la flamme d’un punch de douze tonneaux de sucre et d’autant de pipes de rhum, grondait sur leurs têtes. Elle jaspait l’air.
— Dis donc, Jeanne, toi qui as la jambe fine et la cheville à l’avenant, ces bas de soie t’iraient-ils ? Vois comme ils sont tendres, brodés, fins, doux à la chair.
Et qui pourrait exprimer ce qu’il y avait d’amour et de vanité de femme dans le désir de posséder ces beaux bas d’Angleterre, à ravir une duchesse ? Mais l’opinion était là, et le feu flambait.