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dignité lui tourne la tête. Voici les instructions qu’il donne, à cette occasion, à son valet et à sa femme.

HERMANN.

Écoute, Henry !

HENRY.

Maître !

HERMANN.

Drôle ! plus de semblable titre à l’avenir, si je t’appelle, tu répondras : monsieur ! et si quelqu’un vient et demande après moi, tu diras : Le bourgmestre de Bremenfeld est à la maison.

HENRY.

Faudra-t-il répondre ainsi, que monsieur soit à la maison, ou qu’il n’y soit pas ?

HERMANN.

Imbécille ! quand je ne serai pas à la maison, il faudra répondre : Le seigneur bourgmestre de Bremenfeld n’est pas à la maison, ou quand je ne voudrai pas être à la maison, il faudra répondre : Le bourgmestre ne donne pas audience aujourd’hui. — (À sa femme.) Écoute, mon cœur, il faut vite faire du café, pour recevoir les dames conseillères qui vont venir te visiter ; car nous devons avoir à l’avenir cette réputation, que le bourgmestre de Bremenfeld donne de bons conseils, et sa femme de bon café. J’ai si peur, mon cœur, que vous fassiez quelque bévue avant que vous soyez accoutumée à votre nouvelle situation ! — Henry, va vitement chercher un plateau à thé avec quelques tasses, et que la fille aille acheter du café pour 4 schellings, on sera toujours à temps de s’en procurer davantage. — Il faut que ce soit désormais une règle pour vous, ma chère, de ne pas parler beaucoup, jusqu’à ce que vous ayez appris à parler un peu proprement. Il ne faut pas non plus être trop timide, mais vous tenir sur vos ergots, et surtout travailler à vous ôter de la tête l’état de potier, et à vous imaginer que vous avez toujours été femme d’un bourgmestre. Le matin, il y aura du thé sur la table pour les étrangers qui pourront venir ;