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ROMANS CHEVALERESQUES.

forts qu’il fit, de 517 à 542, pour défendre contre les Saxons l’indépendance de son pays.

Ce n’est que par conjecture et qu’en se donnant un peu de latitude, que l’on peut marquer l’intervalle dans lequel ont dû être composées les épopées chevaleresques des deux classes, dans la forme sous laquelle nous les avons aujourd’hui. Mais on ne peut se tromper beaucoup, en affirmant que les plus importantes, celles où sont le plus fortement empreints les traits caractéristiques de chaque classe, furent composées de 1100 à 1300. — On en trouve encore quelques-unes de postérieures à cette dernière date, mais ce ne sont plus guère que des versions, des paraphrases, ou des modifications des premières. — Quant à l’époque de 1100, indiquée pour premier terme de l’intervalle où furent composés les ouvrages en question, on peut tenir pour sûr que nul de ces ouvrages ne remonte au-delà de ce terme, et il en est à peine trois ou quatre que l’on puisse, avec un peu d’assurance, attribuer à la première moitié du douzième siècle. Ils sont presque tous postérieurs à 1150.

Il est naturel de demander, il importe même de savoir lesquels des romans de Charlemagne ou de ceux de la Table ronde sont les plus anciens ; en termes plus précis, laquelle des deux classes a fourni les premiers modèles, les premiers types de l’épopée chevaleresque. Malheureusement la question est plus complexe que je ne puis l’exprimer ici ; mais j’y reviendrai par la suite : quelques courtes observations suffisent ici pour mon objet.

À n’en juger que sur les témoignages historiques, explicites et directs, on pourrait regarder les romans de la Table ronde, comme les plus anciens de tous, comme les modèles du genre. Quelques-uns des romans de Charlemagne, qui sont incontestablement des plus anciens de leur classe, font allusion aux fables chevaleresques d’Arthur et de la Table ronde, et semblent attester ainsi, de la manière la plus expresse, l’antériorité de ces fables à celles sur lesquelles ils roulent eux-mêmes.

Mais tout ce que l’on pourrait déduire de là, c’est que parmi les romans des deux classes qui nous restent, le hasard a voulu