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durcie a offert une moindre résistance à l’action des forces intérieures. Il est probable que c’est à l’acte qui a produit l’apparition à la surface du sol de ces roches ignées, qu’on doit rapporter les dislocations que présente au loin le terrein secondaire. C’est aussi par là que l’on peut expliquer les accidens nombreux et bizarres qu’offre la direction du groupe des Corbières, accidens qui n’existeraient pas si ces montagnes eussent été soulevées d’un seul coup.

L’éruption, suivant M. Tournal, a dû se faire au commencement de la période tertiaire et à une époque bien antérieure à l’apparition de l’espèce humaine à la surface du globe. Les roches qui en ont été le résultat, offrent une grande analogie avec l’ophite grossier de M. Palassou. Elles ont toujours un aspect mat, se divisent facilement en fragmens polyédriques, et paraissent formées, en général, par du pyroxène, du feld-spath altéré, de l’argile et de l’oxide de fer.

Séance du 22 mai. — Le président annonce à l’Académie que M. Sérullas a été atteint du choléra en revenant des obsèques de M. Cuvier, et que son état donne de vives inquiétudes.

M. Valenciennes présente un travail qui complète le recueil des observations zoologiques faites par M. de Humboldt dans l’Amérique tropicale. Quatre mémoires comprenant ensemble environ cent cinquante monographies, font connaître : 1o les coquilles bivalves marines ; 2o les coquilles bivalves fluviatiles ; 3o les coquilles uni valves terrestres ou fluviatiles ; 4o enfin, les coquilles univalves marines rapportées par l’illustre voyageur de la Nouvelle-Grenade, de la Nouvelle-Espagne et des côtes de la mer du Sud, depuis Acapulco jusqu’au Callao. Outre ces monographies, le travail présenté par M. Valenciennes contient encore des observations nouvelles sur le douroucouli (simia trivirgata), singe nocturne des bords de l’Orénoque, dont M. de Humboldt a parlé le premier ; la description détaillée du capitan eremophilus mutisii, poisson qui habite les lacs du haut plateau de Bogota, avec l’indication de la place que doit occuper dans la classe des poissons cet être anomal ; enfin l’anatomie complète d’un mollusque fort rare, le concho-lepas.

M. G. Libri, de Florence, adresse un mémoire sur les fonctions discontinues, fonctions que les géomètres ont toujours représentées par des séries infinies ou des intégrales définies, et qu’il est parvenu à exprimer, en termes finis, par une combinaison d’exponentielles ; ces formules qui rentrent dans l’algèbre ordinaire sont d’une très grande simplicité, l’auteur les a appliquées à la théorie des nombres, et il en a déduit l’expression finie de plusieurs transcendantes numériques qui paraissaient rebelles aux efforts des analystes. Il donne dans son mémoire une formule générale qui exprime, en termes finis, un nombre premier plus grand qu’une limite donnée, en fonction de cette limite et de tous les nombres inférieurs. On sait que ce problème, dont Fermat avait cru à tort posséder la solution, était depuis assez long-temps compté au nombre des questions insolubles.

M. Dupin lit un mémoire sur les différentes opérations qu’a exigées l’abattage, le transport et l’embarquement à bord du Luxor, de l’obélisque de