Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/503

Cette page a été validée par deux contributeurs.
499
REVUE SCIENTIFIQUE.

calcul, porteraient à admettre seulement un sixième de vapeur de soufre dans l’hydrogène sulfuré comme dans l’acide sulfureux.

Une différence aussi considérable ne peut provenir de quelque erreur dans l’opération qui est très simple et très facile à exécuter, elle n’est pas due non plus à la petite quantité d’hydrogène dont on a depuis long-temps reconnu l’existence dans le soufre le mieux purifié, car dans le soufre fondu cette quantité est si minime, qu’elle ne saurait influer sensiblement sur le résultat. On pourrait craindre que dans le procédé de M. Dumas la vapeur de soufre n’atteignît pas le degré de température où sa dilatation devient uniforme, mais ce soupçon disparaît quand on sait que la température est portée à 540°, de manière à ce qu’il y a un excès de 84° sur le point de l’ébullition. L’idée à laquelle M. Dumas semble s’arrêter est celle-ci : qu’il y aurait pour le soufre un moment où, après s’être liquéfié, ses molécules se grouperaient de manière à former des atomes composés qui ne passeraient point à l’état gazeux ; on sait, en effet, que le soufre qui fond à 107°, et qui, à cette température, est parfaitement liquide s’épaissit à 200°, de manière à se prendre en une sorte de gelée, et qu’il persiste dans cet état jusqu’au point de son ébullition.

M. Dumas a soumis le phosphore aux mêmes expériences que le soufre, et il a trouvé la densité de sa vapeur égale à 4,32, c’est-à-dire double de celle que l’on a déduite de la densité et de l’analyse du gaz hydrogène proto-phosphoré en se fondant sur l’analogie qu’on suppose exister entre le phosphore et l’azote. Le phosphore, d’après les nouvelles expériences, n’entrerait donc que pour un quart au lieu d’un demi-volume dans l’hydrogène proto-phosphoré ; dès lors toute analogie entre l’azote et le phosphore serait détruite, puisque ces deux corps différeraient et par le poids atomique et par la formule de leurs combinaisons, et enfin par l’absence d’isomorphisme dans celles-ci.

M. Arago rend compte des observations relatives au passage de Mercure sous le disque du soleil.

Séance du 14 mai. — La mort de M. Cuvier, annoncée par le président au commencement de la séance et déjà connue d’avance de la plupart des académiciens, occupe tous les esprits, et ne permet de porter attention à rien de ce qui se lit au bureau ; aussi, bientôt après la communication de la correspondance, l’assemblée se sépare sans même entendre la fin d’un mémoire dont la lecture avait été commencée.

Ce mémoire est de M. Tournal fils, de Narbonne, et relatif aux roches volcaniques des Corbières.

Les Corbières sont un petit groupe de montagnes situé sur le versant septentrional des Pyrénées, et compris, dans le département de l’Aude, les roches qui font l’objet des observations de M. Tournal, se présentent, en général, sous forme de petites buttes coniques isolées ou liées entre elles de manière à offrir plusieurs mamelons au premier aspect, elles semblent adossées au calcaire secondaire, mais elles lui sont réellement inférieures. Elles occupent, en général, le centre des cratères de soulèvement, le pied des escarpemens et les ravins profonds des terreins calcaires ; en un mot, les points où la croûte en-