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REVUE DES DEUX MONDES.

Furent placés les mets : c’étaient de grands quartiers
D’ours, d’uroch, d’élan et des chevreuils entiers.
Lorsque sa faim fut apaisée,
Sigurd eut soif ; suivi des trois autres guerriers,
Il marcha vers une fontaine.
Guttorm sentait faillir son audace incertaine.
Gunar, Hogni, le rassurent à peine,
En montrant d’un geste caché
Le glaive de Sigurd dans le gazon couché.

Enfin, quand il le voit sur la source penché,
Le dos tourné sans défiance,
D’une froide sueur baigné, les yeux ardens,
Derrière lui, Guttorm s’avance à pas prudens :
Il regarde avec méfiance
Si ses frères sont là prêts à le secourir,
Fait encor quelques pas sans bruit, d’un bond s’élance
Porte à Sigurd un coup de lance,
Le coup fatal, le seul dont il pouvait mourir.

Sigurd tomba ; mais la hache de pierre,
Que, vers son ennemi fuyant,
Lança son bras en tournoyant,
Frappa le lâche par derrière.
Son chef roula dans la poussière.
Vainqueur à son heure dernière,
Le brave mourut en riant.



NEUVIÈME AVENTURE.

MORT D’HILDA. DOULEUR DE BRUNHILDE.

Un jour il arriva qu’Hilda voulant mourir,
Le cœur navré d’ennui, sans paraître souffrir,