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SIGURD.

Puis à Sigurd ils offrirent tous trois
D’aller chasser ensemble au fond des bois.

Portant de lourds épieux, dans la forêt immense
Ils s’enfoncent ensemble et la chasse commence.
Sur Grani, son noble coursier,
Sigurd galoppe seul et loin de tout sentier,
À travers les sapins dont le sommet murmure,
Et les taillis que brise en passant son armure.

Le héros s’ennuyait de ne rien découvrir,
Quand par bonheur tout-à-coup se présente
Un grand ours noir, à la marche pesante,
Qui sur lui commence à courir.

L’ours approche, lève la tête.
De lui-même Grani s’arrête,
Et le héros au même instant
Descend de cheval et l’attend.
Le monstre se dresse, il l’embrasse ;
En un clin d’œil il le terrasse,
Attache à son coursier l’animal effrayant,
Et vers ses compagnons il retourne en riant.
— Voyez, dit-il, si j’ai fait bonne chasse,
Puis le détache, et libre au milieu d’eux le place.
Ces guerriers, que la peur n’atteint pas aisément,
À cet aspect s’étonnent un moment.
D’un air sombre, à l’entour la bête furieuse
Promenait un regard stupide et menaçant,
Elle semblait chercher en rugissant
Qui saisirait d’abord sa dent insidieuse ;
Et sa langue en espoir déjà léchait du sang ;
Elle n’attendit pas long-temps. Dans sa poitrine
Sigurd plongea sa longue javeline.
Ensuite il dit : L’ours est à bas ;
J’ai faim, prenons notre repas.
Sur l’herbe humide de rosée