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REVUE DES DEUX MONDES.

De ne pouvoir en triompher.
Il le saisit pour l’étouffer,
Le monstre échappe et rit dans l’ombre ;
Alors Sigurd le traîne au brasier sombre
Que les nains avaient allumé,
Et sur son corps à demi consumé
Il renverse d’un coup la magique chaudière.
Le monstre jette un hurlement
Dont retentit la plage entière,
Et puis on n’entend plus que le pétillement
De la flamme, et des os le dernier craquement,
Et du vent de la mer le morne sifflement.

Alors brilla dans l’ombre une clarté douteuse,
Car la guerrière merveilleuse
Venait chevauchant par les airs,
Avec sa lance lumineuse,
Sur un pont de pâles éclairs.
Lorsqu’à travers le ciel[1], une de ces guerrières,
Vers les combats sanglans, son blanc coursier conduit,
On voit rougir sur les bruyères
Ces reflets fugitifs, ces mobiles lumières,
Vagues aurores de la nuit ;
C’est du coursier l’ondoyante crinière,
D’où jaillissent ces feux indécis et changeans ;
Ce sont les tourbillons d’éclatante poussière
Dans les sentiers du ciel sous leurs pas voltigeans.

Pleins de courage et de furie,
Les héros combattaient encor ;
Du haut des airs la Valkyrie
Étend sur eux sa lance d’or ;
Elle ordonne aux fantômes
De retourner dans leurs muets royaumes,

  1. On attribuait aux Valkyries les effets des aurores boréales.