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SIGURD.

Parmi les brumes et la nuit,
Au sein des espaces sans bruit,
Ceux qui tombent dans les batailles
Montent, après les funérailles,
Dans le palais brillant d’Odin ;
Au sein d’une éternelle ivresse
Ils boivent la bierre et le vin ;
Un sanglier renaît sans cesse,
Qui sans cesse apaise leur faim.
Le banquet fini, de son glaive
Chacun est prompt à se saisir,
Jusqu’à ce que le jour s’achève,
Ils se combattent par plaisir ;
Puis chacun d’eux se relève,
À son ennemi tend la main,
Du palais reprend le chemin,
Et le combat leur semble un rêve.

SIGURD.

Autre chose je veux savoir.
Le destin que je dois avoir.

FAFNIR.

Veux-tu savoir le jour suprême
De l’univers et des Dieux même ?
Voici le grand embrasement !
Du ciel qui se fend, se détachent
Les astres, les nains se cachent,
Et soupirent lugubrement.
Le vaisseau des morts fuit la plage,
Le grand serpent bondit de rage,
La flamme touche au firmament.
Odin meurt, le loup le dévore.
Mais de cet univers trop vieux,
Un monde nouveau vient d’éclore :
Sur d’autres hommes, d’autres cieux,
Se lève une nouvelle aurore.