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REVUE DES DEUX MONDES.
FAFNIR.

Quel est ton nom ? quel est ton père ?
Qui sut exciter ta valeur
À me chercher sur la bruyère,
Guerrier qui m’as percé le cœur ?

SIGURD.

Sigurd est le nom qu’on me donne ;
Mon père était Sigmund le fort,
Je n’avais besoin de personne
Pour te porter le coup de mort.

Savant dragon, sage, infaillible,
Rien n’est mystérieux pour toi.
Du monde à nos yeux invisible,
Ce que tu sais, apprends-le-moi.

FAFNIR.

Veux-tu savoir d’où vient le monde ?
Il sortit de la nuit profonde,
De la nuit semblable au néant ;
Au fond du ténébreux espace,
Il naquit du feu, de la glace
Et du cadavre d’un géant.
Ses os furent les monts sauvages ;
Les astres brillans sont ses yeux,
De son crâne on forma les cieux,
Et de son cerveau les nuages.

SIGURD.

Autre chose je veux savoir,
Le destin que je dois avoir.

FAFNIR.

Veux-tu savoir où vont les âmes
Quand elles ont quitté leur corps ?
Tous ceux qui dans leur lit sont morts,
S’en vont chez Héla dans les flammes,