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LA MORT


DU DUC DE REICHSTADT.

LETTRE À UN AMÉRICAIN.

Vous me faites une question bien insolite de nos jours et à laquelle il est peu facile de répondre. Vous voulez que je vous dise où en est la poésie en France, dans cette France veuve de poésie ! Si la question ne venait pas de si loin, ou même si elle me venait d’un autre homme que vous, je la prendrais, soit pour une épreuve difficile à laquelle on voudrait soumettre ma critique, soit pour un de ces exercices d’enfans dont le paradoxe fait le fonds, avec lesquels le dix-huitième siècle a tout détruit parmi nous, avec lesquels nous autres rhéteurs de quelques jours, nous avons exercé notre logique ; à savoir : l’influence funeste ou non des lettres et des beaux-arts ? Est-il bon d’avoir des armées permanentes ? Brutus a-t-il bien fait de tuer César ? et autres débats qu’on pourrait décider à pair ou non, et pour lesquels, moi qui vous parle, je ne me donnerais pas la peine d’agiter un dé dans un cornet.