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SIGURD.

messagers la trouvent encore noyée dans les larmes ; elle refuse d’abord d’épouser ce païen ; mais enfin, contrainte par ses frères, elle cède et part pour le pays des Huns. Ils arrivent à la cour d’Attila, où étaient toutes sortes de peuples et un grand nombre de héros.

Au bout de treize autres années, la pensée de venger Sigfrid, qui ne quittait Chrimhilde ni jour ni nuit, lui fait demander à Attila d’engager ses frères à venir la voir. Attila y consent, elle a soin de comprendre dans l’invitation le terrible Hagen, son ennemi le plus abhorré. Des ménestrels viennent de la part d’Attila au pays du prince bourguignon, et les engagent en son nom à le visiter en Hongrie, au solstice prochain : ils hésitent. Hagen leur dit de se défier de Chrimhilde. Enfin ils partent avec une nombreuse suite de guerriers. Avant leur départ et pendant leur voyage, des prédictions fatales leur annoncent qu’ils ne reviendront pas du pays des Huns. Un sombre pressentiment les gagne, mais ne les détourne pas ; et Hagen brise, avec un farouche héroïsme, la barque dans laquelle ils ont passé le Rhin, parce qu’il sait qu’elle ne leur servira pas pour le retour.

Arrivés chez Attila, ils y trouvent Dietrich de Berne (Théodorik de Vérone), qui les avertit que Chrimhilde pleure encore Sigfrid. Hagen répond :

« Qu’elle pleure autant qu’elle voudra, il est couché depuis maintes années frappé à mort. Qu’elle aime maintenant le roi des Huns, Sigfrid ne reviendra pas ; il est enterré depuis long-temps. » Chrimhilde pense à sa vengeance : elle se prosterne aux pieds des guerriers d’Attila pour leur demander la mort d’Hagen. Cependant les Niebelungs, comme on appelle dans cette partie du poème les princes bourguignons, se sont assis à un festin magnifique. La nuit vient : Hagen et son ami le ménestrel Volker font la garde et empêchent les meurtriers envoyés par Chrimhilde de pénétrer dans la salle où les princes sont couchés. Le lendemain, après la messe, un grand tournoi a lieu. Dans le tournoi, un chef hun est percé par la lance d’un Bourguignon ; cependant Attila est encore pour le maintien de la paix. Mais bientôt la lutte s’engage : Chrimhilde cherche à armer, contre ses