lutte, vient profiter de la victoire de Sigfrid. « Je ne m’opposerai jamais à ton noble amour, lui dit Brunhilde ; j’ai éprouvé maintenant que tu étais digne de commander à une femme. »
Sigfrid retourne dans son pays avec Chrimhilde. Dix ans se passent sans événemens. Enfin Gunther les invite à une fête qui dure onze jours. Pendant ce temps une dispute s’élève entre les deux reines, à l’occasion de la prééminence de leurs époux. Le dialogue devient de plus en plus pressé et mordant ; Chrimhilde dit dans son emportement à la femme de Gunther : Tu as été la concubine de Sigfrid. Brunhilde tout en larmes va se plaindre à son époux. Sigfrid se justifie. Mais la vindicative Brunhilde demande à son mari la mort du héros.
Le plus farouche de ses guerriers qui hait Sigfrid, Hagen, achève de l’y décider. On fait une grande chasse, et dans cette chasse, tandis que Sigfrid se penche pour boire au bord d’une fontaine, Hagen le perce entre les épaules dans le seul point où il fût vulnérable, et que la trop confiante Chrimhilde lui avait révélé.
« Le héros s’élance de la fontaine, un long manche de pique sortait de sa poitrine ; il espérait trouver son arc ou son glaive, et alors Hagen aurait été payé de ses services. »
Ne trouvant que son bouclier, il le lance à son assassin et le renverse, puis il meurt : alors on apporte à Chrimhilde son cadavre sanglant.
On cherche à lui cacher les auteurs du meurtre, mais elle les devine sur-le-champ par un instinct de douleur. Le vieux père de Sigfrid, Sigemond, veut attaquer la Bourgogne. « Nous ne sommes pas les plus forts, lui dit-elle, attendons. » Après lui avoir ravi son mari, ses frères et Hagen lui ravirent encore le trésor des Niebelungs qu’il lui avait laissé : on le précipita dans le Rhin. Dépouillée de tout, Chrimhilde « supporta beaucoup de maux durant treize années, sans pouvoir oublier la mort du brave ; » enfin vint l’heure de le venger.
Attila, roi des Huns (qui s’appelle ici Etzel), ayant perdu sa femme Herka, envoie demander en mariage la veuve de Sigfrid, dont la renommée de beauté est venue jusqu’à lui ; ses