venue des genoux de sa mère ; elle a été enfantée pour de perpétuels malheurs, et pour troubler le cœur de beaucoup d’hommes. »
Gunar s’éloigna sombre : il fut là où la Valkyrie partageait ses ornemens. Elle promenait autour d’elle ses regards sur tous ses trésors, sur ses esclaves, qu’elle avait voués à la mort, sur les servantes de la salle. Elle revêtit sa cuirasse d’or : la joie fut loin de son âme jusqu’au moment où elle se perça avec la pointe de son glaive. Elle tomba renversée sur son lit et blessée par le glaive. »
Brunhilde ne voulant pas que Sigurd vécût pour un autre, il fallait le punir de l’avoir trompée : maintenant qu’il n’est plus, elle ne veut plus vivre. Elle donne ses parures à ses femmes, en leur recommandant de les brûler avec elles, quand elles viendront la rejoindre chez les morts ; puis, s’adressant à Gunar, elle lui annonce les malheurs qui doivent arriver, et le menace de la vengeance de son frère d’Atli, qui doit épouser Gudruna ; puis elle prédit la perte de ce frère lui-même, victime à son tour de la veuve de Sigurd. Gudruna, dit-elle, monte dans son lit avec un cœur irrité et un glaive aigu.
Elle ajoute :
« Il serait mieux à notre sœur Gudruna de suivre son premier mari dans la mort, si on lui donnait de bons conseils, ou si elle avait un cœur comme le nôtre. »
Enfin elle dit à Gunar :
« Je t’adresserai une demande, ce sera ma dernière demande en ce monde : fais dresser un vaste bûcher dans la plaine, afin qu’il y ait place pour nous tous, qui devons mourir avec Sigurd.
« Qu’on range à l’entour des boucliers, des tentures, des tapis magnifiques, des guerriers choisis qu’on me brûle à côté du héros.
« Qu’on brûle de l’autre côté de Sigurd mes esclaves ornés d’or ; que deux soient à la tête avec deux faucons ; que tout soit égal.
« Qu’on place entre lui et moi le glaive tranchant, le glaive orné d’or, comme il fut placé entre nous, quand nous montâmes