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MARCO POLO.

de Marco Polo. Voici les propres paroles du fameux voyageur, qui, lorsqu’il venait de découvrir ce nouveau monde, portant aujourd’hui le nom d’Amérique, croyait avoir trouvé un chemin, en traversant la mer dans la direction du couchant, pour arriver à l’extrémité orientale de l’Inde et pénétrer par ce côté dans l’intérieur de ce vieux continent.

« Très hauts, très chrétiens, très excellens et très puissans princes, roi et reine des Espagnes et des îles de la mer, notre seigneur et notre souveraine, cette présente année 1492, après que vos altesses eurent mis fin à la guerre entre les Maures qui régnaient en Europe, et eurent terminé cette guerre dans la très grande cité de Grenade, où, cette présente année, le deuxième jour du mois de janvier, je vis arborer, par la force des armes, les bannières royales de vos altesses sur les tours de l’Alhambra, et où je vis le roi maure se rendre aux portes de la ville et y baiser les mains royales de vos altesses ; aussitôt dans ce présent mois et d’après les informations que j’avais données à vos altesses des terres de l’Inde et d’un prince qui est appelé grand Kan, ce qui veut dire en notre langue vulgaire roi des rois, et de ce que plusieurs fois lui et ses prédécesseurs avaient envoyé à Rome y demander des docteurs en notre sainte foi, pour qu’ils la lui enseignassent ; comme le Saint Père ne l’en avait jamais pourvu, et que tant de peuples se perdaient en croyant aux idolâtries et recevant en eux des sectes de perdition, vos altesses pensèrent, en leur qualité de catholiques chrétiens et de princes amis et propagateurs de la sainte foi chrétienne et ennemis de la secte de Mahomet et de toutes les idolâtries et hérésies, à envoyer moi, Christophe Colomb, auxdites contrées de l’Inde pour voir lesdits princes et les peuples, pour savoir de quelle manière on pourrait s’y prendre pour les convertir à notre sainte foi. Elles m’ordonnèrent de ne point aller par terre à l’Orient, mais de prendre, au contraire, la route de l’Occident, par laquelle nous ne savons pas, jusques aujourd’hui, d’une manière positive que personne ait jamais passé. » (Vol. ii, pages 3 et 4.)

Tout plein de cette idée pendant le cours de son voyage