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chœur pouvaient indique l’auréole ; les ailes ou transepts étaient les bras ; les pieds s’appuyaient contre le portail. Que toutes les églises mérovingiennes fussent invariablement disposées en croix, c’est un fait prouvé par les nombreuses et minutieuses descriptions de Grégoire de Tours[1].

Cet historien et le poète Fortunat, évêque de Poitiers, insistent beaucoup sur les flots de lumières dont les vitraux des églises inondaient les saints lieux. Est-il légitime d’induire de là que l’on employait dès-lors la peinture sur verre ? Je ne sais. Quant à la peinture à fresque, ou pour mieux dire sur bois, il est hors de doute que le clergé chrétien en faisait usage dès la première race. « La femme de l’évêque Namatius[2], ayant bâti dans un faubourg l’église de Saint-Étienne, voulut qu’elle fût ornée de peintures. Elle portait, dans son giron, un livre où elle lisait les actions des anciens temps, et indiquait aux peintres les traits qu’ils devaient représenter sur les murailles. »

Le clergé, durant l’époque hiératique, ne travaillait pas pour lui seul : il fallait bien que quelqu’un prît soin de réparer les édifices civils, d’élever les demeures royales, de pourvoir les villes de halles, de fontaines et d’ouvrir des routes aux pèlerins. Cette intendance des travaux publics, ce fut le clergé qui l’exerça. Ici l’évêque Agricola bâtissait des édifices utiles aux particuliers, là saint Nicel ou Nizier réparait ou construisait des maisons ; ailleurs, le jeune Avedius, nouvellement ordonné prêtre, faisait jaillir une source avec une baguette, ce qui signifie, en style de Pentateuque, que ce jeune prêtre était un habile fontainier, si l’on ne veut admettre qu’il découvrit dès-lors quelque chose qui ressemblait au miracle de nos puits artésiens.

Le clergé ne donnait pas moins d’attention à la musique. À la fin du sixième siècle, un saint et un pape, Grégoire-le-Grand, renouvelle l’art de chanter ; et l’on conçoit que, pendant

  1. Voyez, entre autres, la description de la belle église bâtie par l’évêque Namatius à Autun.
  2. Grégoire de Tours.