ainsi que les cartes ; dans l’Ohio, une amende de 50 dollars est infligée à celui qui en vend un paquet. Point de bals, excepté six à Noël ; point de concerts, point de repas. Ils ont un théâtre, mais soit économie, soit défaut de goût, il est très peu suivi. On y voit rarement des femmes, la plupart considérant comme une offense à la religion d’y paraître. Ce n’est que dans les églises et les chapelles qu’on peut les voir réunies et parées ; et je crois qu’à la première vue, un étranger serait tenté de prendre les temples consacrés à Dieu pour les théâtres et les cafés de la ville. Il n’est pas de soirée dans la semaine où ils ne se remplissent de tout ce qu’elle contient de femmes jeunes et belles, mises avec soin, et quelquefois avec prétention. C’est là que se déploient les parures et que se fixent les modes. Les hommes y sont beaucoup moins exacts que les femmes ; mais de jeunes et élégans ecclésiastiques expliquent et justifient suffisamment cette exhibition de rubans et de bijoux. Au fait, s’il n’y avait pas d’églises à Cincinnati, les femmes pourraient jeter au feu tout ce qui sert à les embellir : c’est le seul débouché que j’y connaisse à la toilette.
« Les femmes sont trop occupées dans l’intérieur de leur maison pour se mettre complètement sous les armes dans leurs visites du matin ; il n’y a ni jardin public, ni magasins à la mode où l’on puisse se montrer ; et sans la religion et le thé toutes les dames de Cincinnati courraient risque de devenir de vraies cénobites.
« L’influence que les ministres des innombrables sectes religieuses répandues en Amérique exercent sur les femmes de leurs congrégations respectives, peut se comparer à celle que les prêtres ont sur elles en Espagne et dans les pays catholiques. Les causes de cette influence sont faciles à démêler. Là où l’égalité des conditions est humblement reconnue par le riche, et orgueilleusement réclamée par le pauvre, il ne reste de distinction que pour le clergé, et de prééminence que la sienne : cela leur donne une haute importance aux yeux des femmes. D’une autre part, les Américains s’occupent si peu des femmes, qu’elles ne reçoivent guère que du clergé cette espèce d’at-