comme il faut, il ne s’agit que de voir votre air et vos manières ; et avec un homme comme vous on s’entend toujours, n’est-ce pas ?
Puis à son fils :
Ne me faites point de signes ! ne m’interrompez pas ! vous m’importunez ! laissez monsieur agir selon son cœur, il s’entend un peu mieux que vous en gouvernement, peut-être ! — Vous avez toujours été jaloux d’André, dès votre enfance. Laissez-moi, ne me parlez pas.
Le malheureux Joseph ! il n’aurait pas parlé, il était muet de douleur et moi aussi.
— Ah ! dit Robespierre en s’asseyant et ôtant ses lunettes paisiblement et avec soulagement. Voilà donc leur grande affaire ! Dis donc, Saint-Just ! ne s’imaginaient-ils pas que j’ignorais l’emprisonnement du petit frère ? Ces gens-là me croient fou, en vérité. Seulement il est bien vrai que je ne me serais pas occupé de lui de quelques jours.
Eh bien ! ajouta-t-il en prenant sa plume et griffonnant, on va faire passer l’affaire de ton fils.
— Voilà ! dis-je en étouffant.
— Comment ! passer ? dit le père interdit.
— Oui, citoyen, dit Saint-Just en lui expliquant froidement la chose, passer au tribunal révolutionnaire où il pourra se défendre.
— Et André ? dit M. de Chénier.
— Lui ? répondit Saint-Just, à la Conciergerie.
— Mais il n’y avait pas de mandat d’arrêt contre André, dit son père.
— Eh bien ! il dira cela au tribunal, reprit Robespierre, tant mieux pour lui !
Et en parlant il écrivait toujours.
— Mais à quoi bon l’y envoyer ? disait le pauvre vieillard.
— Pour qu’il se justifie, répondait aussi froidement Robespierre, écrivant toujours.
— Mais l’écoutera-t’on ? dit Joseph !
Robespierre mit ses lunettes et le regarda fixement, ses