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REVUE. — CHRONIQUE.

brités ignorées, a mis en circulation bien des noms qu’on n’avait garde de croire si littéraires. Comme nous n’avons point l’honneur d’être inscrit sur leur liste, nous pouvons en toute liberté, dire quelques mots à propos de cet ouvrage, et du nombreux personnel qui travaille incessamment à le produire. En somme, ce n’est qu’une revue volumineuse et confuse. On y remarque bien d’excellens morceaux de MM. Charles Nodier, Sainte-Beuve, Jules Janin, et de quelques autres écrivains distingués. Mais, à côté de ces belles pièces, combien de pauvres et misérables pages ; près de ces riches étoffes, combien de sales et hideux lambeaux ! Tout cela forme néanmoins une étrange et singulière bigarrure, une cohue et un pêle-mêle curieux à voir. Le cinquième volume de cet ouvrage nous est dernièrement tombé sous la main, et nous y avons lu un article très fin et très spirituel de M. le marquis de Custines sur les Amitiés littéraires. Ce morceau, légèrement satirique, quoique plein de mesure et d’un ton parfait, rappelle la manière élégante et gracieuse de M. de Boufflers. Nous aurions voulu cependant que M. de Custines s’y montrât moins dédaigneux de la poésie de notre temps, et qu’il eût plus de foi en son avenir. Ne sera-ce donc pas une belle et grande époque poétique, que celle qui aura produit MM. Béranger, Sainte-Beuve, de Vigny, Victor Hugo et Lamartine ?

Parlons maintenant d’un écrivain dont on se sera du moins beaucoup occupé de nos jours, s’il n’est pas bien certain qu’il leur survive. M. de Balzac vient de faire paraître de nouvelles Scènes de la vie privée[1] qui font suite aux premières, précédemment publiées. Cette dernière production de M. de Balzac, se recommande par les qualités et les défauts qui distinguent tous les autres ouvrages du même auteur. Le poétique et le commun, le faux et le vrai, le mauvais et le bon, s’y trouvent également mêlés et confondus. Il y a bien un peu d’or pur dans chacun de ces bijoux de pacotille, mais à peine en trouverez-vous un ou deux sans alliage. Les nouvelles Scènes de la vie

  1. Chez Mame-Delaunay.