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voix seulement qu’il me faut. — Chantez le Calesero, notre tirana favorite.

Ayant préludé, elle commença d’une voix mal assurée et tremblante.

— Iba un chusco calesero
Por un camino cantando
Al son de las campanillas,
Que llevaba su caballo ;
A Dios, mi querida prenda,
A Dios, mi dulce cuidado,
Acuerdate de un amante
Que por ti va suspirando ;
Duelete de mis pesares,
Duelete de mis quebrantos.

Ici elle s’interrompit comme suffoquée.

— Je ne puis continuer, John, dit-elle.

— Remettez-vous, mon amie, attendez un peu. Peut-être vous sera-t-il possible de finir tout-à-l’heure.

J’allai m’asseoir sur une chaise au bout du piano, et j’appuyai ma tête sur sa table. Après quelques momens de silence :

— J’achèverai maintenant, dit Mercedès.

Et elle reprit d’une voix moins émue :

— De esta suerte el pobrecito
Se consolaba cantando,
Y aliviaba del camino
Las penas y los trabajos.
A Dios, mi querida prenda,
A Dios, mi dulce cuidado,
Acuerdate de un amante
Que por ti va suspirando ;
Duelete de mis pesares,
Duelete de mis quebrantos.

Andaba poco à poco
El pobrecito caballo.