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d’après des principes qu’il serait trop long d’exposer ici, il fonda enfin la théorie du contre-stimulus, qui compte beaucoup de partisans en Italie. Rasori a publié peu d’ouvrages, et c’est moins par des écrits que par l’enseignement oral, qu’il a propagé sa théorie. On lui doit cependant divers opuscules qui ont été réunis récemment à Milan, et une Histoire du typhus de Gênes, qui a été traduite en français. On trouve aussi plusieurs mémoires de lui dans les Annales des sciences et des lettres, dont il a dirigé la rédaction pendant deux ans. Après la restauration autrichienne, Rasori fut condamné à mort ; mais ayant été gracié, il resta cinq ans en prison. C’est dans le fort Saint-Georges de Mantoue, qu’il écrivit son beau Traité de l’inflammation. Il travaille maintenant à un grand ouvrage, où il se propose d’exposer l’ensemble de sa théorie.

Milan est peut-être la ville d’Italie où le commerce de la librairie est le plus étendu, et où il se publie le plus de livres[1]. Du temps de Napoléon, le gouvernement encourageait puissamment les publications importantes. On accorda une forte somme aux éditeurs de la grande collection des classiques italiens, et M. Custodi reçut 60,000 francs, pour publier la collection des écrivains italiens sur l’économie politique. Maintenant cette protection a cessé ; mais on publie encore des collections importantes et volumineuses, dirigées par des hommes distingués. Nous citerons spécialement l’Encyclopédie des sciences et des arts, la Bibliothèque encyclopédique italienne, la Bibliothèque agraire et la Collection des classiques ; traduits en italien. On réimprime aussi en petit format les classiques italiens, et ces éditions à bon marché produisent un excellent effet. La munificence éclairée de quelques riches particuliers milanais a mul-

  1. Afin qu’on ne puisse pas croire que ce que je dis ici soit en contradiction avec ce que j’ai avancé dans mon premier article sur le peu de ressources que le commerce de la librairie offre aux gens de lettres en Italie, je dirai que Monti, arrivé au plus haut degré de sa célébrité poétique, ne vendit que cinquante louis à un libraire de Milan, le manuscrit de sa traduction d’Homère, qui lui avait coûté plusieurs années de travail.