n’est comme une sorte de gâteau magique jeté dans la gueule du lion subjugué pour l’endormir :
Melle soporatam et medicatis frugibus offam
Objicit.
Quand vous songez à la France, monsieur, considérez avec respect les trois couleurs ; elles sont l’image sacrée de notre religion politique, l’unique symbole qui, à nos yeux aujourd’hui, signifie quelque chose : gloire de la patrie, indépendance nationale, émancipation européenne, liberté et puissance de l’esprit humain, voilà ce que représente pour nous le drapeau tricolore. Non, je n’oublierai jamais l’enthousiasme qui passa dans mon cœur quand je le vis reparaître ; c’était ma première joie patriotique, depuis qu’enfant, j’avais pleuré sur Waterloo, à côté de ma mère.
La révolution de 1830 est la reprise triomphante du mouvement rénovateur ; c’est une déclaration itérative de l’indépendance de l’esprit humain ; ç’a été le cri de l’homme qu’il est libre, de la société, qu’elle est souveraine. Enfermer la portée possible de cette révolution dans la continuation de la charte de 1814, en vérité ce n’est pas une erreur, c’est une bêtise ; vous figurez-vous le génie de la révolution française emprisonné à toujours dans les petits compartimens ménagés à Hartwell ou à Saint-Ouen ? Eh ! il a usé des choses plus ingénieuses ou plus solides ; il a usé la constitution de 91, les combinaisons de Sieyes ; il a usé Napoléon. C’est sa destinée de survivre à tous les instrumens qu’il emploie.