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sèrent à la jonction des différentes bandes. Mes compagnons et moi, nous préparâmes nos fusils, et nous nous cachâmes derrière quelques haies ; cependant les chevaux, qui prévoyaient le danger dont ils étaient menacés, commencèrent à frapper le sol avec leurs pieds, à secouer la tête et à regarder d’un air farouche autour d’eux, en montrant tous les symptômes de la plus grande terreur. Un ou deux étalons se mirent à leur tête, et paraissaient attendre l’attaque avec calme.

« Les confédérés, au nombre de deux à trois cents, entrèrent dans la plaine, en formant un demi-cercle dont les côtés s’étendaient, avec l’intention évidente d’entourer l’ennemi. Les chevaux, à la vue de ce mouvement, comprirent aussitôt son but, et, redoutant la rencontre d’une force aussi considérable, ils firent volte-face à l’instant, et partirent de tous côtés au galop. Leur fuite fut pour les loups le signal de l’attaque, et tous en même temps, poussant d’horribles hurlemens, les suivirent à la course, en formant toujours un croissant, et leur avant-garde atteignit bientôt deux ou trois traînards.

« Ces chevaux cependant firent bonne contenance, ils se ruèrent sur les loups qui les poursuivaient et en mirent quelques-uns hors de combat. Mais ceux-ci, venant à être renforcés par de nouveaux auxiliaires, auraient bientôt repris leur revanche, si, quittant tout-à-coup notre retraite, nous n’eussions fait feu sur le gros des ennemis, dont cinq restèrent sur la place. Tout le bataillon se retourna à l’instant et se dispersa en fuyant du côté des montagnes, tandis que les chevaux, au bruit des armes à feu, galopèrent à notre rencontre. Notre présence en enleva certainement un bon nombre aux dents de leurs ennemis, et par leurs hennissemens, ils semblaient exprimer leur joie et leur reconnaissance pour le secours que nous leur avions porté en temps si opportun. »

Les lynx ne sont pas aussi nombreux que les loups, mais ils font plus de ravages, et sont individuellement plus hardis. Le lynx est un animal dangereux à rencontrer, surtout s’il est légèrement blessé, ou si ses petits sont en danger ; il se jette alors sur l’homme sans manifester la moindre crainte. Sa chair est excel-