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avec eux : mais leur nombre se réduisit bientôt à huit, qui paraissaient bien montés et bien armés. Nos chevaux buttaient à chaque pas, et il était évident qu’ils ne pouvaient aller plus loin. Je savais que mes hommes étaient des braves ; je leur proposai de mettre pied à terre, de nous placer derrière nos chevaux, de tirer sur nos ennemis aussitôt qu’ils seraient à portée, et de nous servir de nos pistolets, si nous n’avions pas le temps de charger. Dès que les sauvages nous virent prendre position, ils rebroussèrent promptement chemin ; nous leur envoyâmes quelques coups de fusil, et deux de leurs chevaux tombèrent ; leurs cavaliers montèrent, sans perdre de temps, derrière leurs compagnons, et disparurent. »

Le lendemain, M. Cox arriva sans accident à Spokan-House, et repartit peu de jours après pour le pays des Têtes-plates, où il passa l’hiver.

Les martres, les castors, les loutres, les loups, les lynx abondent dans cette partie de l’Amérique. Les loups y sont très grands et hardis, et entouraient le fort la nuit en grand nombre, pour enlever les restes du repas. M. Cox avait un beau chien né d’une louve et d’un chien de Terre-Neuve. Lorsqu’il apercevait un loup près du fort, il se jetait dessus et le terrassait ; mais si c’était une louve, il la laissait se retirer, ou jouait avec elle. Il restait quelquefois huit ou dix jours absent, et ne rentrait guère sans porter les traces des combats qu’il avait livrés dans les bois à ses sauvages rivaux.

Pendant son séjour au milieu des Têtes-plates ; M. Cox assista à une exécution de prisonnier, qui donnera une juste idée de la cruauté et en même temps de la fermeté stoïque de ces peuplades.

« Nous avions près de notre établissement, dit-il, une grande quantité de Têtes-plates qui revenaient de la guerre livrée aux Pieds-noirs, auxquels ils avaient fait quelques prisonniers. Ayant appris qu’un de ces prisonniers allait être mis à mort, j’allai à leur camp pour assister à ce cruel spectacle ; le malheureux était attaché à un arbre. Un vieux canon de fusil fut chauffé jusqu’au rouge, et on lui brûla les jambes, les cuisses,