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ACADÉMIE DES SCIENCES.

long-temps du défaut de prévoyance des ingénieurs chargés de les diriger.

M. Dutrochet lit un mémoire ayant pour titre : De l’usage physiologique de l’oxigène, considéré dans ses rapports avec l’action des excitans. L’auteur commence par exposer le fait qui l’a mis sur la voie de cette recherche. Si l’on place dans de l’eau une certaine mousse (l’hypnum filicinum de Linnée), recueillie par un temps pluvieux, ou voit aussitôt dans cette eau une multitude d’animaux infusoires, qui alternativement descendent au fond, et remontent à la surface, par un mouvement qui ne paraît point dépendre de courans dans le liquide même. M. Dutrochet pensa que ces animalcules absorbaient, près de la surface, une portion d’oxigène, et que, devenus ainsi plus pesans, ils étaient entraînés vers le fond, où ils restaient jusqu’à ce que, perdant une partie de cet oxigène sous forme d’acide carbonique, et leur pesanteur spécifique devenant par-là moindre que celle de l’eau, ils étaient reportés de nouveau en haut. Il fut confirmé dans cette idée, en voyant les mouvemens s’arrêter dès qu’il interdisait la communication avec l’oxigène, soit en couvrant la surface de l’eau d’une couche d’huile, soit en bouchant hermétiquement le flacon, soit enfin en le plaçant ouvert sous une cloche où il faisait le vide, ou bien dont il dépouillait l’air d’oxigène, en y déposant quelques fragmens de phosphore.

Au bout de quelques jours, les animaux ne remontent plus jusqu’en haut, et à mesure que le temps s’avance, la limite supérieure de leurs excursions s’abaisse de plus en plus. À une certaine époque enfin, ils ne peuvent plus s’élever du tout, et restent au fond du vase. Cela tient, pense M. Dutrochet, à ce que leur pesanteur s’est progressivement accrue, parce qu’à chaque respiration, une portion de l’oxigène absorbé reste fixée dans leurs organes. M. Dutrochet considère cet état des animalcules comme un état de vieillesse, et fait voir qu’on peut en retarder l’époque en diminuant l’activité de leur respiration, soit en raréfiant le fluide respirable, soit en diminuant les excitans de la respiration, la lumière et la chaleur.

Selon M. Dutrochet, les diverses causes excitantes tendent toutes à produire le même effet, qui est de déterminer la matière organique et l’oxigène à s’unir, en agissant simultanément sur l’une et sur l’autre. Ainsi, selon lui, l’excitabilité est une véritable combustibilité ; cette excitabilité, ajoute-t-il, est très grande dans la jeunesse, parce qu’alors l’organisme est éminemment oxidable, ne possédant presque point d’oxigène fixé définitivement. Dans la vieillesse, au contraire, les excitans ont peu d’action, parce que la tendance à oxidation est moindre en raison de la grande quantité d’oxigène déjà fixé dans l’organisme.

M. Velpeau présente un jeune homme sur lequel il a lié avec un plein succès l’artère iliaque externe, qui avait été ouverte par un coup de couteau.

MOIS DE FÉVRIER.

Séance du 6 février. M. Dutrochet fait, en son nom et celui de MM. Serres et Duméril, un rapport très favorable sur le mémoire de M. Isidore Geoffroy