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ACADÉMIE DES SCIENCES.

os larges, plusieurs points autour desquels commence à se déposer le phosphate calcaire. On en voit cinq chez le jeune poulet, et les anatomistes, supposant qu’il en était de même pour tous les autres oiseaux, considéraient le sternum de ces animaux comme résultant de la réunion de cinq os distincts. Telle était l’opinion générale lorsque M. Geoffroy-Saint-Hilaire, conduit par ses idées sur l’unité de composition dans le système osseux des vertébrés, chercha dans le sternum des oiseaux un plus grand nombre d’os, et annonça qu’il en existait neuf. Ces os, que, pour éviter l’emploi des périphrases, nous désignerons par les noms que M. Geoffroy leur a donnés sans rien préjuger d’ailleurs sur la théorie qui sert de base à cette nomenclature, sont, d’abord, les cinq pièces précédemment reconnues, savoir : la pièce médiane que forme la quille et la partie moyenne de la carène (l’ento-sternal), deux pièces triangulaires formant les angles antérieurs du sternum (les hyo-sternaux), et deux pièces le plus souvent fourchues formant les angles postérieurs (les hypo-sternaux) ; puis les quatre pièces nouvelles, savoir : les épisternaux et les xiphisternaux, situés, les premiers, en avant, et les autres, en arrière de la pièce impaire.

M. Cuvier, qui, d’après ses observations antérieures, était porté à douter de l’existence des nouvelles pièces annoncées par M. Geoffroy, a entrepris une série de recherches destinées à fixer les idées non-seulement sur ce point, mais encore sur plusieurs autres qui étaient considérés, quoique à tort, comme suffisamment avérés. Il ne s’est pas borné à étudier les gallinacés, mais il a porté ses investigations sur tous les ordres, et pour chacun d’eux sur plusieurs espèces ; suivant de jour en jour, et pour ainsi dire d’heure en heure les progrès de l’ossification, depuis le moment où se montrent les premiers rudimens du système osseux dans l’embryon jusqu’à l’époque où ce système a atteint chez l’adulte toute sa perfection. Dans le mémoire que nous analysons, il s’est borné à faire connaître les résultats relatifs au sternum. Les bornes de cet article ne nous permettent pas de faire connaître tous les détails de cet important travail et nous nous contenterons de rapporter les conclusions que l’auteur exprime dans les termes suivans :

1o Le sternum du poulet n’a que cinq pièces osseuses, cinq noyaux d’ossification : l’ento-sternal, les hyo-sternaux et les hypo-sternaux.

2o Les épisternaux et les xiphisternaux sont, non pas des noyaux osseux distincts, mais des restes non encore ossifiés du cartilage primitif.

3o Il s’en faut de beaucoup que les cinq noyaux se montrent dans tous les oiseaux ; dans les plus grands nombres, notamment dans les oiseaux d’eau et les oiseaux de proie, le squelette ne commence à s’ossifier que par deux points placés aux mêmes endroits que ceux qui, dans les gallinacés, ont été nommés hyosternaux.

4o Les formes du sternum, sa quille, ses échancrures, ses trous, ne sont pas les produits de l’ossification, mais cet os préexiste avec tous ses caractères en nature de cartilage, et avant qu’il s’y soit montré aucun point osseux.

5o Il n’est nullement nécessaire à la formation d’un trou dans un os ou du moins d’un de ces trous qui sont fermés par une membrane, que plusieurs os d’a-