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c’est un reproche contre lequel il ne se défendait pas ; il dit formellement dans un de ses ouvrages qu’un philosophe doit être obscur. Sans vouloir défendre ce principe d’une manière absolue, nous dirons cependant que l’expérience a prouvé que tous ceux qui ont voulu exprimer des idées nouvelles ont été obligés d’inventer des mots nouveaux ; c’est d’ailleurs un fait commun à toutes les sciences, que l’existence d’une terminologie particulière qu’il est nécessaire d’étudier avant d’aborder la science elle-même. En Allemagne, l’obscurité ne décourage pas les lecteurs, et Hegel, malgré les difficultés que présente l’étude de ses ouvrages, a formé une école nombreuse qui a appliqué ses principes à presque toutes les branches du savoir. À la tête de cette école, nous citerons le célèbre jurisconsulte Gans, auteur de l’Histoire du droit de succession. L’opinion publique y a distingué en outre les théologiens Marheinecke, Heuniug, Kapp, le moraliste Michelet, le philologue Rœtscher, etc., etc.

L’édition des œuvres de Hegel, que publient ses disciples, se composera de trois parties :

La première partie comprendra les œuvres déjà imprimées, dont voici les titres : premier volume, Phénoménologie de l’esprit, Différence des systèmes philosophiques de Fichte et de Schelling ; Fragmens philosophiques, tirés du journal critique de la philosophie ; deuxième volume. Encyclopédie des sciences philosophiques ; troisième volume, Droit naturel ou Principes de la philosophie du droit ; quatrième volume, Science de la logique.

La seconde partie comprendra ses leçons : premier volume, Philosophie de la religion, éditeur M. Marheinecke ; deuxième volume, Philosphie de l’histoire, éditeur M. Gans ; troisième volume, Histoire de la philosophie, éditeur M. Michelet ; quatrième volume, Esthétique, éditeur M. Hotho.

La troisième partie comprendra divers opuscules de Hegel. L’éditeur est M. Fœrster.

L’ouvrage entier formera quatorze à seize volumes. Chaque volume coûtera un thaler (cinq francs). Il paraîtra par an deux livraisons, chacune de deux ou trois volumes. On souscrit à Berlin chez Duncker et Humblot.


Raoul ou l’Énéide, par madame de Bawr.[1] — C’est un roman paisible, composé de scènes naturelles et vraies, tirées de la vie de tous les jours ; une lecture agréable et douce qui repose et fait rêver, après les compositions sombres et mélodramatiques qui, depuis quelques années, ont envahi le théâtre et les bibliothèques ; c’est peut-être le commencement de la réaction que nous indiquions, il y a quelques jours, à propos de Paulding. Le public paraît se lasser des corselets, des hauberts et des tournois. Il reviendra, n’en doutez pas, aux romans de cœur et de salon. Le nouveau roman de madame de Souza aidera, je l’espère, à la révolution que j’ose prédire. L’auteur de la Suite d’un bal masqué devait se trouver entraîné dans le mouvement

  1. Chez Fournier.