Il nous faut un bon ange ici.
Où serait, mon Dieu, ta puissance,
Si ceux qui sont pleins d’innocence
Mouraient aussi !
Tu le sais, j’avais fait un rêve.
— Seigneur, avant qu’il ne s’achève,
Prends tout mon sang, prends tous mes jours.
Éteins comme un flambeau mon âme… —
Mais laisse, laisse cette femme
Vivre toujours !
Pourtant, mon Dieu, si ta colère
Doit briser l’appui tutélaire
Qui seul ici-bas me retient ;
Si doit son âme, humble et soumise,
Revoir cette terre promise
Dont elle vient ;
Oh ! quand l’affreuse épidémie
Sur la jeune femme endormie
Viendra fondre et s’appesantir ;
Quand son âme à ta voix fidèle
Sur la tombe ouvrira son aile
Pour départir ;
Laisse, oh ! laisse-moi, je t’en prie ;
Sur sa lèvre pâle et flétrie
Cueillir la mort dans un baiser !
— Assez de vices et de fanges ! —
Je veux aller parmi tes anges
Me reposer.
Cependant revenaient les brises embaumées,
Revenait le printemps avec ses voix aimées,