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REVUE DES DEUX MONDES.

Mais la débauche impure à leurs âmes naissantes
Infiltra ses poisons : le ciel fut blasphémé !
Dieu dit. — Comme il parlait encore,
Par un vent de flamme emportés,
Peuples, villes, palais, et Sodome et Gomorrhe
Roulent… — Qu’avez vous fait, Seigneur, des deux cités ?

Ô peuples, cessez donc, cessez vos plaintes vaines !
L’homme est ici bas pour souffrir.
Gardez un peu du sang qui reste dans vos veines,
Pour voir Dieu qui punit, et pour savoir mourir.
Qu’importe au Seigneur qu’on le prie ?
Le ciel veut sa large moisson :
Levé sur vous, son bras tombe, et sa raillerie
Ne laisse pas le temps d’achever l’oraison.

IV.

Et perdre ainsi tout ce qu’on aime !
— Que l’homme qui doute et blasphème
Jette en défi son âme à Dieu ;
Et qu’un jour le Seigneur se lève,
Et tire du fourreau son glaive,
Son glaive en feu ;

C’est bien ! car la vengeance est belle.
Par son crime, l’ange rebelle
S’est précipité de là-haut.
C’est bien ! car l’éternel monarque
Le plonge aux enfers, et le marque
De son fer chaud. —

Mais qu’une enfant douce et rieuse,
De vie et de bal curieuse,