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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE

30 mars 1832.


On dit que la paix européenne est désormais assurée, et que le désarmement des grandes puissances ne se fera pas attendre. À la bonne heure ! Si les révolutions s’effacent et disparaissent de la scène, nous renoncerons de grand cœur à raconter tous les quinze jours les mouvemens tumultueux, qui s’oublient le lendemain, pour faire place à d’autres.

Puisque les organes de toutes sortes ne manquent pas à la discussion quotidienne des questions actuelles, nous bornerons notre tâche à l’enregistrement des anecdotes, à la critique des ouvrages les plus remarquables de la littérature et des arts.

Goethe est mort à Weimar le 22 : il était né en 1749, la même année précisément, comme nous le rappelions il y a quelques mois, où Fielding, par la protection spéciale de M. Littleton, depuis lord Littleton, obtenait une place de juge de paix. Toute sa vie n’a été qu’un long et inaltérable bonheur. Il a joui de sa gloire dans une paix pleine et sereine. Ses dernières années ont connu toutes les joies de l’apothéose : il a pu dire en mourant : Je sens que je deviens dieu. Il contenait et gouvernait sa poésie avec une admirable sagesse. C’est le plus bel exemple de la raison et de l’imagination unies d’une étroite amitié.

Les journaux de Londres parlent d’une tragédie de François Ier, de miss Kemble, fille de Charles Kemble que nous avons admiré à Paris dans Romeo et Hamlet. Les analyses qu’ils en donnent sont assez contradictoires, quoiqu’ils s’accordent généralement à louer l’élégance et la pureté de la versification. Dès que nous l’aurons reçue, nous la ferons connaître à nos lecteurs.

Nous sommes décidément dans le siècle des Revues, et chaque jour le public se plaît à encourager ce genre de publications. M. Bellizard vient d’en fonder une à Saint-Pétersbourg, sur un plan analogue au nôtre, sous le titre de Revue étrangère, composée d’un choix d’articles de littérature française.