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CHRONIQUE LITTÉRAIRE


ESQUISSES DE LA SOUFFRANCE MORALE.
PAR M. ÉDOUARD ALLETZ.[1]


Si notre mémoire ne nous trompe pas, M. Alletz a débuté dans le monde littéraire par un poème sur le dévoûment des médecins français en Catalogne, couronné en 1822 par l’académie française. Un prix académique avait encore alors quelque valeur. Dix ans se sont écoulés, et les choses ont bien changé. Cependant le concours dans lequel triompha M. Alletz, eut de la solennité. Près de l’astre vainqueur, on avait aussi vu apparaître pure et brillante à l’horizon poétique une nouvelle étoile. Comme sa jeune rivale, mademoiselle Delphine Gay, dont la renommée a depuis si fort grandi, M. Alletz ne s’en est pas tenu non plus à ce premier succès. Laissant M. Bignan qui semble, en matière de poésie, s’être attribué le monopole des couronnes académiques, récolter annuellement sa moisson de palmes et d’églantines, M. Alletz a pensé avec raison qu’il lui fallait s’adresser surtout au public, juge impartial et austère, juge sans appel, qui ne donne, il est vrai, ni médailles, ni prix officiels, mais qui décerne seul, en définitive, la réputation. Celle que s’est acquise M. Alletz par ses publications successives, disons-le d’abord, est des plus honorables, et repose déjà sur une large base. Le cadre étroit dans lequel nous nous voyons à regret forcés de resserrer cet article, nous permet à peine d’énumérer ses divers ouvrages. Tous ils ont, au surplus, été dignement appréciés et jugés. Empruntant un caractère particulier de l’alliance qui paraît s’être formée chez leur auteur entre l’esprit de liberté qu’il juge conforme au mouvement et aux besoins du siècle et l’esprit de la philosophie catholique, empreints de cette foi vive et éclairée qui ne voit ni vérité ni bonheur hors des croyances religieuses, et n’en sympathise pas moins ardemment avec l’espoir des progrès et du perfectionnement de la civilisation humaine, tous ces ouvrages, fruits d’un talent grave et consciencieux, attestent les profondes convictions d’une âme non moins poétique que généreuse et dévouée. C’est ainsi que le Walpoole de M. Alletz flétrissait avec énergie sous M. de Villèle les

  1. 2 vol. in-8o chez Adrien Leclerc et compagnie, libraires, quai des Augustins no 35.