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LETTRES PHILOSOPHIQUES.

tion de Descartes, en annonçant sur ce philosophe un travail considérable que le public et le libraire attendent encore ; enfin il sera toujours recommandable comme traducteur de Platon. On peut déjà louer sans réserve son élégance fidèle, sa patience souvent heureuse à renouveler les anciennes traductions, son intelligence philosophique à profiter des travaux contemporains d’Ast et de Schleiermacher ; plus tard seulement il sera possible d’apprécier avec plus de profondeur l’œuvre de M. Cousin ; quand il l’aura terminé, quand il aura traduit les dialogues les plus profonds et les plus obscurs, quand il aura écrit sur Platon un travail de la même nature que celui qu’il a promis sur Descartes, la critique pourra lui assigner sa place comme philologue et comme historien de la philosophie. Sur ce premier point les hellénistes sont seuls compétens ; je dis les véritables hellénistes, car on ne mérite pas ce nom pour entendre un peu de grec, et il faut le réserver aux Hase, aux Boissonnade et aux Letronne. Pour ce qui est de la manière à concevoir et à se représenter Platon, de discerner tout ce qu’il a de cette Égypte que Champollion nous laisse à demi dévoilée, empêché qu’il est par la mort de poursuivre lui-même cette révélation du passé, il faut attendre que M. Cousin ait publié son essai sur Platon. Il a souvent varié dans ses points de vue ; il est facile de remarquer des changemens et des progrès depuis l’argument du Phédon jusqu’à celui du second Alcibiade. Le traducteur a été d’abord plus frappé du rationalisme ; il s’est, ensuite, plus rapproché de l’idéalisme et du mysticisme : enfin, récemment il vient d’entamer la partie politique de Platon en proie aux préoccupations exclusives de l’éclectisme ; ce qui, à mon sens, l’a fait errer dans l’intelligence de la conception platonicienne, et lui a fait prendre dans les Lois une dégénérescence pour une réalisation fidèle ; mais chemin faisant M. Cousin pourra redresser ce que ses études ultérieures lui montreront d’inexactitudes dans ses affirmations précédentes ; et quand il aura tout traduit, il sera maître enfin de ses matériaux, de ses pensées, il pourra nous ériger la statue de Platon. Je dois aussi vous signaler, monsieur, parmi les titres historiques de M. Cousin deux articles