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ITALIE. — ÉTATS SARDES.

patience, la publication de sa traduction de Thucydide, à laquelle il travaille depuis dix ans, et le dictionnaire cophte, fruit de ses immenses connaissances dans les langues orientales. Boucheron, homme d’une grande érudition classique, a le mérite si rare aujourd’hui d’écrire dans la langue de Cicéron, comme s’il était né du temps d’Auguste.

Il s’est formé en Piémont une école historique à la tête de laquelle on doit placer M. Botta, qui, quoique établi en France depuis plus de trente ans, a exercé une grande influence sur son pays. Charles Botta suivit l’armée française dans sa retraite lors de la campagne désastreuse de 1799. Sous le gouvernement impérial, il siégea au corps législatif. Ce fut à cette époque qu’il publia l’Histoire de la guerre de l’indépendance américaine, qui a fait sa réputation. Après la restauration, il fut nommé recteur de l’université de Rouen ; mais le ministère Villèle lui trouva trop d’indépendance de caractère, et le destitua. En 1824, Botta fit paraître une Histoire d’Italie depuis 1789 jusqu’à 1814. Cet ouvrage, quoique critiqué par tous les partis, obtint un tel succès en Italie, que, dans la première année de sa publication, il y en eut onze éditions en Toscane seulement. Mais ce livre, qui enrichissait les libraires, ne rapporta rien à son auteur, comme cela arrive toujours au-delà des Alpes ; et Botta allait peut-être se trouver dans une position critique, lorsqu’il se forma une société, sans d’exemple jusque-là en Italie, pour engager cet écrivain à continuer l’histoire de Guicciardini jusqu’en 1789. Cent souscripteurs s’obligèrent à fournir 60,000 fr., qui devaient servir à indemniser M. Botta de son travail, et à l’impression de l’ouvrage. Maintenant M. Botta a rempli sa tâche, et sa Continuation de Guicciardini paraîtra en dix volumes avant la fin de l’année. Le nouveau souverain du Piémont a signalé le commencement de son règne en accordant spontanément une pension à M. Botta, en le nommant commandeur de ses ordres, et en lui faisant rendre sa place d’académicien qu’il avait perdue en 1814 pour des motifs politiques. Botta a plusieurs fils, dont l’un, qui s’est fait remarquer par ses travaux sur l’histoire naturelle, et qui a déjà fait le tour du globe, voyage à