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PHILOSOPHIE DE FICHTE.

que je me suis trouvé conduit à admettre, pour m’expliquer les modifications successives et diverses que présente tout objet.

Et quant à la manière dont je me suis représenté cette force, soit en elle-même, soit dans ses modes d’activité, il est évident que je n’ai pu me la représenter autrement que comme une force qui, dans des circonstances données, produisait tel effet donné aussi, cet effet et aucun autre, mais cet effet nécessairement et infailliblement.

Le principe actif qui constitue l’objet et détermine les modifications de l’objet considéré en tant que force est simple en lui-même ; c’est aussi de lui-même qu’il se met en mouvement. Il n’obéit à aucune impulsion étrangère ; mais la raison qui fait que c’est de telle ou telle façon que la force se développe, est en partie en elle-même, parce que c’est telle force qu’elle est, et non pas telle autre ; partie aussi en dehors d’elle, dans les circonstances au milieu desquelles elle se développe. Ces deux choses, la limitation ou la détermination qu’elle puise en elle-même, et celle qui lui est imposée par les circonstances extérieures, doivent se combiner pour amener ce qui se trouve être produit. Par elles-mêmes, les circonstances extérieures exprimant ce que sont les choses, ne contiennent nullement le principe de ce qu’elles deviendront. Tout au contraire même, car l’être ou l’existence manifestée est l’opposé du devenir, ou de l’existence à se manifester ; mais ces circonstances extérieures n’en contribuent pas moins tout autant que la détermination puisée en elle-même par cette force, à déterminer le produit de cette force. Or, une force n’existe pour moi que dans le produit que je perçois. Pour moi une force improductive, une force à l’état de passivité n’existerait pas. Son produit est le seul côté par lequel elle se montre, elle s’imprime dans ce produit, elle s’exprime par ce produit ; et ce produit, rien de plus facile que de montrer d’abord qu’il est déterminé, puisque la cause s’en trouve, partie dans la force qui l’a engendré, parce qu’elle est telle force et non pas telle autre ; partie dans les circonstances extérieures au milieu desquelles elle a été appelée à se manifester.