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signifie esclave. Les Chinois veulent être appelés Nikanzi, c’est-à-dire, en mongol, vaillans guerriers. N’est-il pas fort étrange que le mot grec νίΧζ se retrouve dans la langue mongole.

Le 16 février au soir, nous nous mîmes en route pour faire notre première excursion en Chine. L’entrée du bourg russe de Kiachta est fermée par une palissade semblable à celles de nos villages ; un Cosaque se tient auprès, l’épée nue dans la main. À l’aide de ces précautions, rien ne peut s’exporter de Maimatschin sans un permis de la douane russe, située à Troizko-Sawsko.

Les maisons sont construites en bois, et de forme élégante.

Les Burates fourmillaient à Kiachta ; ils venaient célébrer les fêtes religieuses de Maimatschin avec leurs anciens compatriotes, restés leurs frères en croyance. On voyait aussi dans les rues des marchands chinois, en robes de soie noire et en chapeaux de feutre noir, surmontés d’une touffe de soie rouge, dont les fils se séparaient en retombant, et couvraient toute la tête. Sur le sommet du chapeau est une petite vis en laiton ; ordinairement les marchands n’y attachent rien ; ils ne peuvent y mettre qu’un bouton d’or ; les boutons de pierres de différentes couleurs indiquent le rang de ceux qui les portent. En Chine, comme en Russie, les marchands sont de la dernière classe. — Ils ont tous, pour se garantir du froid, des espèces de fourreaux pour les oreilles, et leur tête rasée est soigneusement recouverte d’un gros bonnet de soie sous le chapeau. Les tresses de leurs cheveux noirs descendent presque toujours à la moitié du corps. Chacun d’eux porte à droite sa bourse à tabac et sa petite pipe. — Dans ce moment, tous les Chinois se hâtaient de sortir de Russie, car le coucher du soleil approchait, et à cette heure ils doivent tous avoir repassé la frontière. Nous suivîmes la foule qui se dirigeait vers une petite porte, et nous entrâmes avec elle dans un grand carré de boutiques, espèce de bazar réservé aux négocians russes pour être le dépôt de leurs marchandises. À la sortie de ce magasin, on se trouve devant un mur en bois, percé d’une porte élégante, où sont gravés l’aigle russe et les ini-