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REVUE. — CHRONIQUE.

une pension de Louis xviii ; on a eu raison de citer la nourrice du fils de l’empereur, on a eu grand tort de citer la sœur de Robespierre. Il est des noms qu’il ne faut jamais prononcer dans les affaires d’un royaume ; noms infâmes et tachés de sang, qui font tressaillir des générations entières dans leurs tombeaux ! À ces porteurs de pareils noms, on ne donne jamais de pensions nationales, on leur jette une aumône mensuelle, pour qu’ils ne souillent pas la main du passant, en mendiant dans les rues. Après bien des débats, les pensions ont été conservées ; en revanche on a diminué le traitement de plusieurs fonctionnaires publics. Ceci s’appelle se venger sur le chien du lépreux.

Au-dehors toutes choses sont à-peu-près dans la même position. Nous attendons encore l’adhésion des puissances qui devait arriver le 30. L’Italie encore une fois est en présence de l’Autriche et de la France, toujours prête à défaire ce qu’aura fait l’Autriche : à cette seule condition, l’Italie gardera sa nationalité. Encore une fois ces nouvelles étrangères resteront dans cette espèce de statu quo jusqu’au dernier dégel. Redeunt certamina campis. Variation des vers d’Horace.

Tout ceci entrecoupé comme à l’ordinaire de drames, bariolé de romans et d’histoires, indécemment saupoudré de vaudevilles. Quelle plus grande révolution dramatique voulez-vous que celle-ci ? Une tragédie de M. Casimir Delavigne tombée, sifflée, mauvaise ! Voilà ce que c’est que de s’y prendre onze ans à l’avance pour faire un chef-d’œuvre ! L’enfant a de la barbe, les ongles longs, et sent le bouc quand on le met dans le monde. Les habitués du salon, voyant l’enfant pour la première fois, demandent à leur voisin : — Quel est ce vilain vieillard ?

La plus grande révolution de la quinzaine, la savez-vous ? Ce n’est pas la suppression du dimanche, proposition que la chambre a prise en grande considération, qui fera grand plaisir à quelques juifs, qui affligera beaucoup de chrétiens, et qui ne profitera à personne, pas même à celui qui l’a faite. La plus grande-révolution, la voici : il est à-peu-près décidé que nous aurons un panthéon.

Oui, un panthéon à grands hommes ! Un garde-meuble pour