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LITTÉRATURE DRAMATIQUE.

royale. Resté seul avec Louis xi, il saisit le moment où le vieux monarque récite ses prières, pour s’avancer sur lui un poignard à la main ; le roi demande grâce, et l’assassin consent à le laisser vivre, on ne sait trop pourquoi. Il récite bien à la vérité quelques lieux communs sur le remords et sur les misères d’une vie criminelle. Mais ce qui se comprend à peine dans le Black dwarf de W. Scott est encore plus inintelligible dans la scène dont je parle. Le roi appelle du secours, et le duc de Nemours est de nouveau arrêté.

À quoi bon poursuivre plus loin l’analyse d’une pièce qui échappe à la critique ? Le roi se meurt. Il n’est plus question de Marie ni de son amant. Les courtisans épient les derniers momens du monarque pour tramer de nouvelles intrigues, et se débitent entre eux, sur le malheur et la servitude des cours, des maximes banales qui ont traîné sur tous les tréteaux de boulevard. Tout-à-coup le roi qu’on croyait mort, se trouve n’être pas mort : il se réveille comme Argant. Il se traîne jusqu’au dauphin qui avait déjà essayé la couronne sur sa tête, il trébuche en la lui disputant, la couronne tombe à terre ; le roi chancèle et meurt. Cette fois c’est tout de bon. Avant d’expirer, il récite à son fils quelques vers sur ses devoirs de roi et de chrétien qui m’ont rappelé la Chronologie française versifiée. J’oubliais de vous dire que Marie avait obtenu de Charles viii, qui était redevenu le dauphin, la grâce du comte de Rethel ; que le roi en renonçant à la vie, en renonçant à la mort, comme il vous plaira, avait de nouveau condamné l’amant de Marie, et qu’au moment où Louis xi rend le dernier soupir, Tristan vient lui annoncer que ses ordres sont exécutés.

Vous parlerai-je des caractères groupés autour de cette action, si toutefois une pareille fable mérite ce nom ? de Philippe de Comines, ce Machiavel français, qui vient au lever du soleil écrire ses histoires, comme on fait d’une idylle ou d’une éplogue, sub tegmine fagi ? d’Olivier-le-Daim, qui, dieu merci, se mêlait d’intrigues et d’affaires, et qui, dans le Louis xi de M. Delavigne, n’est qu’un barbier vulgaire et bavard, comme tous les barbiers, si l’on excepte le Barbier de Beaumarchais ; de Fran-