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rare entre les habitans du même village ; mais voler un blanc passe pour un acte méritoire et digne d’éloges.

Les forêts des environs de la banza sont remplies de panda, J’y observai aussi un autre arbre, dont le bois jaune est employé pour teindre les pailles dont les nègres font des tissus. La végétation est brillante et le sol très fertile. La farine de maïs et la chair des bêtes sauvages tuées à la chasse font le fond de la nourriture de ces nègres, quoiqu’ils aient des animaux domestiques. Bien que la chaleur ne soit pas très forte dans le Bihé, puisque ce canton est très élevé, le mouton, comme dans les pays voisins de la côte, où le climat est brûlant, est couvert de poil. La chèvre est plus petite qu’en Europe, les boucs ont des cornes très petites, mais pointues. Le bœuf et la vache sont de taille médiocre. Les nègres montent les bœufs comme les chevaux. Ces animaux marchent vite et ont le pas très sûr.

Les singes que j’ai rencontrés sont assez petits, ont le nez noir et le reste du visage bleu. Le chat sauvage est à peine de la grosseur des chats européens, mais il est extrêmement féroce. L’animal connu sous le nom de lion est de la grandeur de nos loups et n’a point de crinière. La panthère est aussi beaucoup plus petite que celle que j’ai vue dans le royaume d’Angola. Les rats seuls sont d’une grosseur prodigieuse et très nombreux ; les cochons en sont très friands. L’éléphant ne diffère pas de ceux que j’avais vus dans les pays plus au nord. Les aigles sont très grands et de couleur grise, ils ont sur la tête une touffe de plumes. L’épervier est également très gros. Les poules communes sont d’une petitesse remarquable ; les pintades sont fort grosses.

À mon arrivée au Bihé, mes porteurs étaient si las, qu’ils boitaient. Depuis quelques jours, ils avaient montré une soumission extrême à mes ordres, dans les marches forcées que j’avais ordonnées pour traverser les forêts. Je leur laissai volontiers le temps de se reposer ; et pour les récompenser, je leur donnai un demi-baril de tafia et un jeune taureau, dont le soba m’avait gratifié. Ils me témoignèrent leur reconnaissance par des acclamations. Lorsqu’ils furent remis de leurs fatigues, je pensai à les congédier selon mes engagemens. Le soba me promit de m’en