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princes sont tenus par les lois d’entretenir un nombre de femmes considérable ; tel est Mucangama, qui en doit avoir sept cents au moins, et Cassange, qui n’en peut avoir moins de huit cents.

Comme chez tous les peuples qui sont encore dans l’enfance de la civilisation, les superstitions exercent sur eux un grand empire, et président à toutes leurs actions, publiques ou privées. Leur culte est le fétichisme ; mais en sondant quelque peu leurs idées religieuses, on est tenté de croire que leur fétichisme n’est pas plus grossier que ne le fut celui de l’antique Égypte : des moutons, des serpens sacrés, ou quelques figurines de bois à face humaine ou réputée telle, reçoivent en effet leurs hommages ; mais ils reconnaissent un Dieu suprême, invisible, immatériel, que d’après quelqu’un de ses attributs ils appellent Lamba lianquita, le Dieu tonnant ; Lamba liangouli, le Dieu tout-puissant, ou de quelque autre nom analogue, suivant la contrée : ce n’est que par une sorte d’incarnation, déterminée par certaines cérémonies, que l’esprit divin réside dans les fétiches. Dans un pressant danger d’être lui-même la proie du serpent sacré de Mouéné-Hây, Douville eut le malheur d’être forcé à le tuer, ce qui attira sur sa tête bien d’autres périls.

Aux dieux, nommés plus haut généralement regardés comme bienfaisans, ils offrent des sacrifices, et, il faut le dire, des sacrifices humains. Chez eux comme chez les peuples de l’antiquité, les victimes servent aux festins des sacrificateurs et des assistans. Les nations de Cassange, de Humé, de Mucangama, des Muchingis, des Molouas, de Bomba, de Sala, d’Oungèno, sont toutes anthropophages. À Cassange, Douville eût risqué d’être lui-même l’hostie d’une de ces horribles solennités, s’il ne se fût tenu sur ses gardes et entouré de forces défensives respectables. La victime, assommée ou décapitée à l’improviste, est partagée en quatre portions, dont une appartient au souverain, une autre aux prêtres, la troisième aux nobles, et la dernière au peuple ; le cœur plongé dans l’eau bouillante, sert aux augures : il est réservé pour le Dieu, ainsi que la tête, qu’on place dans les temples. Il est fort remarquable que le chef portugais du comptoir de Cassange, a droit, en sa qualité, à la moitié de la portion des nobles, que