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VOYAGE DE DÉCOUVERTES.

congos et Mahungos. Au milieu d’un visage de coupe presque circulaire, se montre à peine un nez épaté ; de grosses lèvres proéminentes accusent, loin du nez, une bouche énormément large, sous laquelle le menton projette en avant le sommet d’un angle facial fort aigu ; deux petits yeux perçans animent d’une expression singulière ces figures étranges, que couronne une chevelure crépue, et qu’accompagnent de longues oreilles. Ajoutez à cela, chez les femmes, de grosses fesses, dont elles font un siége à leurs nourrissons, et de pendantes mammelles qu’elles jettent à ceux-ci par dessous leurs bras. Les Bihens et les Cassanges s’éloignent moins des types européens : leur nez est moins plat, leur visage plus ovale ; chez les Molouas, au contraire, le visage est déprimé dans sa hauteur au dépens du front et de l’écartement du nez et de la bouche ; chez les Ninéanay, le nez n’a presque aucune saillie.

La vie est, chez ces peuples, courte et rapide ; la puberté précoce ; à quatre ou cinq ans le fils quitte la maison paternelle pour se fonder lui-même une demeure ; à vingt ans la femme a cessé d’être féconde ; quarante ans est le terme ordinaire de la vie, et un homme de quarante-cinq ans est un vieillard que l’on cite pour son grand âge. C’est par lunes que, dans l’intérieur, ils mesurent le temps ; et l’âge de chaque individu est constaté par le nombre d’entailles faites de lune en lune sur l’arbre planté au jour de sa naissance : nulle part Douville n’a pu compter plus de quatre cent cinquante entailles ; un Moloua, qui avait vu passer quatre cent quatre-vingt-deux lunes, lui fut désigné comme un phénomène de longévité. Sur les côtes, la vie est moins brève d’une dizaine d’années ; mais rien n’en constate la durée, et les documens portugais fournissent seuls des lumières à ce sujet.

Cette vie si courte est cependant oisive et paresseuse : le far niente est le plus délicieux des passe-temps ; filer ou tisser quelques pagnes, c’est tout ce que peut leur nonchalance, et c’est à leurs femmes qu’ils abandonnent les travaux pénibles et le soin de pourvoir aux besoins communs. La polygamie est d’usage chez eux ; elle est même obligatoire pour les chefs, et certains